L’humanitaire bénéficie d’une image positive. Il s’agit de braves gens qui consacrent du temps et qui prennent des risques pour apporter de l’aide, de la nourriture, et des médicaments aux plus démunis, souvent sur des théâtres de guerre, tout en respectant une indispensable neutralité. En plus, ils sont généralement bénévoles. Rien que du bon, politiquement correct et propre à attirer la sympathie et l’admiration.
Toutefois, la réalité colle-t-elle vraiment avec cette image idyllique ?
L’histoire se déroule pendant l’hiver 95. Cinq représentants d’une ONG lyonnaise se rendent en Bosnie durant le conflit qui a terriblement secoué cette région du monde il y a déjà plus de vingt ans. Leur destination est Kakanj où se trouvent des victimes de cette guerre, plus ou moins sous la protection de l’ONU.
Il y a quatre hommes et une femme répartis entre deux camions de vivres. Cependant, à mesure qu’ils avancent dans le pays, la pression monte de check-point en check-point (point de contrôle). Les militaires qui les contrôlent sont de plus en plus fermes et tendus.
Surtout, le lecteur se rend compte que chacun des protagonistes est très différent de l’image qu’il donne. Lionel est le responsable du convoi, mais est-il aussi idéaliste et désintéressé que ça ? Vauthier, le plus âgé, n’est-il que le mécanicien de l’équipe ? Marc et Alex, qui sont d’anciens militaires et sont déjà allés à Kakanj, n’ont-ils pas gardé des contacts sur place, et dans quel but ? Et pour quelle raison veulent-ils y retourner ? Maud, vingt et un ans seulement, n’est-elle qu’une jeune femme naïve ?
Ces cinq-là vivent enfermés dans les cabines de leurs véhicules, ressentant un fort stress, car ils se trouvent tout de même au milieu d’un conflit armé, et le danger est partout. Des tensions s’installent très vite entre eux. Maud inspire confiance aux autres et ne tarde pas à recueillir des confessions. Certains découvrent que leur chargement ne consiste pas seulement en nourriture, vêtements et médicaments…
La principale question soulevée par Jean-Christophe Rufin dans ce bouquin est celle de la neutralité. Est-il possible de rester sans parti pris face à un tel conflit ? Peut-on aller aider des réfugiés en situation de survie et demeurer impartial ?