Une sirène à Paris
Souvenez-vous, en 2016, Paris était submergé par la Seine en crue. Le niveau était très au-delà de la côte d’alerte, le zouave du pont de L’Alma buvait la tasse et la liste des dégâts fournissait de la matière aux JT. C’est dans ce décor qu’évolue Gaspard Snow, surprisier. Un surprisier étant une personne dont l’imagination est si puissante qu’elle peut changer le monde. Gaspard va tenter de changer le sien, de monde, ce qui serait déjà bien. Il gagne sa vie en chantant à bord d’une péniche transformée en cabaret, le Flowerburger, qu’il a hérité de sa grand-mère et qu’il tient tant bien que mal avec son père. Les affaires vont mal, très mal. Gaspard et son père sont en conflit, et ce problème n’arrange pas leur relation. Son père veut vendre la péniche, Gaspard s’y oppose formellement, il est trop attaché à cet endroit.
Un soir où la pluie tombe particulièrement dru, dans les eaux de la Seine, Gaspard recueille une sirène blessée. Une vraie sirène, avec la queue de poisson, les seins somptueux, la chevelure et le chant mortel. Nul homme ne résiste à ce chant. Il entraîne une telle émotion que le cœur de la victime explose, ce qui est évidemment très mauvais pour la santé.
Toutefois, Gaspard sort d’une déception amoureuse et il est blindé, refusant tout sentiment de ce type. Il est (presque) insensible au chant de la belle. Pourtant, elle n’est pas si blessée que ça, elle va provoquer bien des dégâts. Quant à Gaspard, il n’est pas si blindé que ça.
Lendemain de crue, lendemain de cuite. Gaspard se réveille avec une sirène d’une invraisemblable beauté dans sa baignoire…
Mathias Malzieu nous entraîne une fois de plus dans son univers poétique fait de jeux de mots, d’images à ne pas prendre au pied de la lettre et au surréalisme si convaincant qu’on s’y croirait. Avec lui, on a l’impression que les mots ont une vie bien à eux et qu’ils s’assemblent d’eux-mêmes pour former des phrases qui n’auraient pas pu exister autrement. Le jour entra dans la nuit telle une goutte de lait dans un café noir. Où va-t-il chercher des choses comme celle-là ?
Gaspard va devoir sauver la vie de Lula la jolie sirène. La sauver de sa blessure, mais aussi de ceux qui la poursuivent, il doit en outre sauver le Flowerburger, alors qu’il est lui-même en grand danger, même s’il refuse de le croire. Sa force et sa faiblesse à la fois étant que depuis toujours il voyait ce qu’il croyait.
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