L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
Derrière ce titre en forme de déclamation digne d’un Monsieur Loyal se cache une histoire d’une grande drôlerie et d’une tout aussi grande sensibilité.
Le jeune (et prodigieux) T.S. Spivet (Tecumseh Sansonnet de son nom complet) est un enfant prodige, mais il est sans doute aussi atteint d’un quelconque syndrome obsessionnel, qui le pousse à tout vouloir cartographier et noter. Il a un besoin maladif de tout “étiqueter”, de tout encadrer par une étude qui le rassure. Il devient un spécialiste de ce genre de croquis techniques. Il ne cartographie pas seulement des territoires, mais également le système digestif des insectes, les vibrations produites par des grincements de portes, les déplacements des gens dans une salle d’attente, les gestes d’impatience, les sourires et autres attitudes faciales… Ces manies amènent des situations burlesques.
J’ai pris un raisin sec dans le placard et je suis remonté le manger dans ma chambre, en essayant d’en faire au minimum vingt bouchées.
T.S. vit dans le Montana. Son père est un rancher fruste et inculte. Sa mère est une scientifique ratée obsédée par la recherche d’une race de coléoptères qui n’existe sans doute pas. Sa sœur est une adolescente perdue dans ses rêves. Quant à son jeune frère, il est mort dans des circonstances obscures, tué par un coup de fusil dont T.S. étudiait les vibrations. Il se sent évidemment coupable.
Un professeur, impressionné par ses travaux, propose secrètement la candidature de T.S. pour le prestigieux prix Baird décerné par le Smithsonian Museum. Et il l’obtient ! Ce que les organisateurs ignorent, c’est que T.S. a douze ans. Quant à lui, il monte clandestinement dans un train de marchandises dans le but de se rendre à Washington.
Commence alors un voyage initiatique au cours duquel il va avoir l’occasion de remettre en question beaucoup de ses certitudes, surtout concernant sa famille. Il découvre ce qui a été réalisé par son arrière-arrière-grand-mère, qui est réellement sa mère, ce qui s’est passé avec son frère…
Tout au long du roman, le lecteur voit le monde au travers du regard de T.S., qui est le narrateur. C’est parfois le regard d’un enfant de douze ans, et parfois le regard d’un homme plus mûr, à cause de la précocité de T.S. Ce besoin qu’il a de tout mesurer et classer provoque des points de vue spontanés, drôles et criants de vérité.
Les adultes étaient des entasseurs pathologiques de vieilles émotions inutiles.
Reif Larsen a de plus utilisé une mise en page très originale. Dans les marges du texte apparaissent les notes de T.S., ses dessins, ses réflexions… tout ce qu’il note de manière compulsive dans les petits carnets dont il ne se sépare pas. Ce procédé permet d’introduire des sortes de digressions qui n’en sont pas vraiment, puis de revenir au texte principal avec un nouvel éclairage sur la situation en cours. Le livre est divisé en trois parties bien délimitées : avant le départ de T.S., le voyage, et ce qui se passe lorsqu’il parvient enfin à Washington.
Je me suis vraiment régalé avec ce bouquin qui sort de l’ordinaire autant par sa présentation que par la manière d’aborder le principal propos. Il est bourré d’humour, d’humanité et de bon sens.
Je ne peux que te plussoyer, comme on dit.
Parce que, que je te dise.
Je n’avais pas confondu, l’autre jour : ce bouquin est bel et bien sur ma PAL !
(mais je l’avions déjà lu lors de sa sortie en VO 😉 )
PERMÉABILITÉ ! 🙂
Vraiment très fort, mon @mi G@rp : il est capable de lire en VO. Tu le parles, aussi ?
Oui, je fais. ^ ^
Une amie m’a offert ce bouquin voici quelques mois et… je ne l’ai pas encore lu.
Faut dire, ces derniers temps, ce ne sont pas les occupations qui manquent,faux dire. C’est peut-être un défaut de temps ou/et d’organisation des priorités. Je ne sais trop. C’est vrai que ça fait tout de même envie, d’autant que je n’ai pas vu le film. J’en avais lu l’annonce dans un ciné et, pendant l’entracte, j’avais croqué un portrait de l’enfant… … si vous êtes curieux ; va donc falloir que je m’y mette, quand j’aurai le temps.
Je n’ai pas vu le film (je ne suis pas cinéphile), mais ton dessin m’a incité à regarder la bande-annonce. J’en ai vu assez pour comprendre que ce film est très différent du bouquin, et pour voir que ton dessin est surprenant ! En tout cas, lis le livre !